Entrevue avec Véronique Buchanan
Véronique a ouvert sa propre boutique de vêtements pour enfant avec sa mère. Un projet familial qui porte le nom de Alice Buchanan.
Véronique Buchanan propriétaire de la boutique Alice Buchanan
Entrevue intégrale:
Entrevue transcrite:
Opp : Nous sommes présentement à Rosemère dans la nouvelle boutique Alice Buchanan où l’équipe d’Opportunités vient rencontrer Véronique Buchanan la présidente et propriétaire. Véronique est une travailleuse autonome, une entrepreneur également qui a bien accepté de se prêter au jeu aujourd’hui.
Opp : Merci Véronique de nous accueillir dans ta boutique Alice Buchanan !
Véronique : Merci d’être venu !
Opp : Ça fait plaisir ! Peux-tu nous expliquer un petit peu ton concept de boutique ce que tu as voulu démarrer… aller chercher dans le marché avec ça ?
Véronique : Moi, en fait j’ai commencé ça avec ma mère. Ça l’a commencé quand j’étais enceinte, dans le fond j’ai comme remarqué qu’il y avait un besoin sur la Rive-Nord. Il n’y avait pas de boutique avec des vêtements différents, un peu plus de qualité c’était beaucoup des chaînes. On retrouvait plus ce type de boutique là à Montréal et je me suis dit je pense qu’il y a un certain marché sur la Rive-Nord pour ça. Il n’y a rien de Laval à St-Sauveur donc je pense qu’il y a moyen d’aller chercher ça. Je voulais une ambiance familiale, on a acheté une maison pour faire ça je trouvais que les gens allaient avoir l’impression de rentrer chez moi quand ils venaient magasiner. Je ne voulais pas une ambiance de magasinage à pression, tsé je voulais que ça soit vraiment relaxe et que ce soit quelque chose d’agréable.
Opp : Le design est super beau !
Véronique : Merci !
Opp : Ça fait partie de ton background, designer d’intérieur, peux-tu nous parler un petit peu de ton parcours d’entrepreneur qui a mené jusqu’à cette boutique-là ici ?
Véronique : Oui bien moi en fait j’ai été à mon compte avant ça jusqu’à ce que je tombe enceinte. J’ai participé à l’émission Des idées de grandeur à Canal Vie. Le design a toujours été une grosse partie dans ma vie, j’adore ça, mais j’avais besoin de nouveaux défis. Je continue d’en faire un peu, des plus gros projets… des projets plus intéressants, plus prenant, mais j’avais quand même besoin de quelque chose de nouveau. J’avais besoin de me diversifier en fait.
Opp : De te diversifier et je veux dire de partir de cette idée-là bon… il y a eu un manque dans le marché d’avoir une boutique un petit peu plus haut de gamme, un petit peu plus spécialisée, mais de là à la lancer et de se dire je vais faire ça de ma vie et ça va fonctionner… je veux dire, il y a un pas ! Comment tu l’as franchi… là tu ris est-ce que c’est un peu un coup de tête ?
Véronique : Ben c’est sûr que je ne suis pas la personne avec le plus de « drive » ironiquement dans la vie, j’aime ça être confortable et je suis assez insécure mais, mon chum n’a pas du tout cette perspective-là de la vie. Il a beaucoup plus de « drive », il a toujours besoin de projets. Puis, le « timing » était bon, j’étais enceinte, j’avais plus de temps, ma mère était sur le bord de la retraite… parce que je n’aurais jamais fait ça sans ma mère. Toute seule, je ne peux pas, je n’aurais pas pu lancer ça… ça aurait été impossible. On dirait que tous les astres s’alignaient et on s’est dit : « On le fait, advienne que pourra! ». Si un jour ça ne fonctionne pas pour X raison, on l’aura fait, on aura eu du plaisir ! Si dans la vie tu n’essaies rien tu es sûr de ne rien avoir. Ce n’était pas un choix genre on s’est dit on va faire ça et on va être riche !
Opp : On est tous confortables sur notre sofa dans le salon, ça va très bien !
Véronique : Voilà ! Exactement ! Ce n’était vraiment pas… c’était un risque pis ce n’était pas pour être riche ou quoi que ce soit. C’était juste pour essayer quelque chose et on aime les projets.
Opp : Les projets comme ça qui incluent les mamans donc tout ce qui est maman, il y a des tonnes de blogues justement sur internet. Est-ce que ça facilite un petit peu le démarrage d’entreprise ou est-ce qu’il faut faire partie de cette communauté-là de maman entrepreneuse pour avoir bonne presse ?
Véronique : Oui c’est sûr qu’il faut un peu faire partie de cette communauté-là, il faut les approcher, il faut… veux, veux pas c’est une communauté assez fermée entre guillemets. Ils ont leurs habitudes, tsé ils connaissent leurs spots et là tu leur amènes un nouveau spot. Est-ce qu’ils vont aimer ? Est-ce qu’ils ont adhéré ? On ne colle pas à tous les blogues nécessairement pis c’est correct… ce n’est pas ça l’objectif. C’est sûr que c’est de trouver son créneau et de trouver ses blogueurs pis vers où se diriger. C’est sûr que ça prend du temps, il ne faut pas penser ouvrir pis que ça va être un « hit wonder » en deux semaines pis que tout le monde va nous connaître, mais tranquillement c’est sûr que ça aide les business à démarrer parce que ça donne de l’« exposure » que sans les médias sociaux que l’on avait pas jadis. C’est sûr que je pense que ça rend cela plus facile.
Opp : Pis est-ce que c’est l’unique forme selon toi de publicité ou de publicisation si on veut de…
Véronique : Moi, je pense qu’il y a moyen d’aller chercher d’autres façons c’est sûr qu’il y a tellement d’opportunités maintenant du côté publicité, mais nous on a visé principalement là-dessus parce que les mamans, je pense, sont beaucoup sur ça. Notre génération c’est ce qui les rejoint le plus. Présentement, on a ciblé ça… est-ce que l’on va aller ailleurs éventuellement parce que l’on va se rendre compte que ce n’était pas la meilleure décision ou autre. Jusqu’à date ça paye bien, on se fait connaître lentement mais sûrement, mais on se réajustera si c’est nécessaire.
Opp : On parle de maman depuis tantôt, tu disais que tu t’es lancé en entreprise avec ta mère. C’est comment justement de se lancer en business, parce que bon… c’est quelque chose d’avoir un lien familial, d’avoir un lien affectif et de se lancer en business avec sa mère qui est quelqu’un qui a réussi qui est presque au bord de la retraite comme tu as dit : quels sont les défis et les avantages de ça ?
Véronique : Ben les défis, tsé c’est sûr que tu as toujours une inquiétude quand tu commences. Tu te dis: est-ce que ça va créer des conflits parce qu’on le sait, mélanger business et famille ce n’est pas toujours gagnant. Sauf que je pense que ma mère et moi on se ressemble beaucoup, mais on a quand même des forces différentes donc on ne rentre pas en conflits, mais comme nos caractères se ressemblent j’ai l’impression qu’il n’y a pas de flammèches, il n’y a pas de… on est pas ni une ni l’autre des personnes trop trop explosives. J’ai l’impression que ça coule pis que ça se fait bien. Je ne dis pas qu’il n’arrivera jamais rien, mais à ce jour je ne vois pas tellement ce qui pourrait arriver et ça va bien. Je pense qu’on se complète puis ça nous a montré justement aussi des facettes différentes l’une de l’autre qu’on ne connaissait pas en étant juste mère/fille. C’est sûr que les avantages justement, elle les force qu’elle a je ne les ai pas alors ça m’anime. C’est sûr que la petite est ici tous les jours alors comme ça on est deux, tsé toute seul ça serait impossible puis je suis contente que ma mère puisse passer du temps aussi avec ma fille. C’est sûr que je trouve que ça amène un environnement de travail agréable. Je n’ai pas l’impression de venir travailler tous les jours, ça coule pis moi je trouve ça super qu’on puisse passer du temps comme ça. Puis, elle ne se voyait pas non plus être à la retraite, faire du 7 jours semaine à la maison pis aller jouer au tennis… ou autre.
Opp : C’est sûr que c’est un gros « step » dans une vie, un gros pas. Le « background » de tes parents, leur parcours, est-ce que l’entrepreneuriat coule dans la famille ? Tu as dit que ta mère avait eu une belle carrière, au bord de la retraite et tout ça. Est-ce que c’est là que tu as eu cette fibre entrepreneuriale là de travailler avec eux ?
Véronique : C’est une bonne question, en fait je pense que ma mère n’était pas mal dans le même « mood » que moi à vrai dire… pas tellement à l’aise avec l’entrepreneuriat sauf que le projet nous rejoignait tellement, mon chum me coach tellement à ce niveau-là, en même temps ma mère est proche de mon conjoint. Il nous coachait tellement, il nous a comme embarqués là-dedans, il nous a « minder » que ça irait bien et vu que le projet nous rejoignait tellement, c’était tellement en nous que je pense que c’est ça qui vraiment a fait parce que non, mes deux parents ne sont pas de grands entrepreneurs. Mais tsé ils ont eu des « jobs » plus conventionnelles de 9 à 5, mais des gros postes. Je pense qu’ils n’ont jamais été à leur compte ou ces choses-là alors je pense que c’est vraiment… honnêtement, ça part vraiment de mon conjoint qui a poussé pis qui nous a dit qu’on était capable, qu’on pouvait le faire. C’est vrai parce que l’on ne voyait pas beaucoup de femmes, on en voit pas tant que ça des femmes entrepreneurs. Ça commence à être émergeant.
Opp : Effectivement ! Vois-tu ça d’un super bon œil toi justement ce que les femmes commencent à se regrouper, je ne sais pas, sur la Rive-Nord est-ce que les femmes entrepreneurs qui…
Véronique : Il y en a énormément, il y a une boutique juste en biais ici, ça fait dix ans qu’elle est ouverte. C’est une femme qui est propriétaire, seule pis ça va super bien ! C’est une boutique pour femmes Walk-in. Je pense qu’il y en a de plus en plus pis moi, je trouve ça bien parce que justement j’ai l’impression que les femmes s’affirment, pas au sens, je ne suis pas une féministe, tsé pas au sens qui ne s’affirment pas assez. Moi, je pense que les femmes ont toujours été présentes, mais j’ai l’impression qu’elles ont plus confiance en elles. Justement, elles ont de meilleurs postes sur le marché du travail, elles osent plus se partir à leur compte et être plus entrepreneuses. Je pense que justement que les femmes ont de plus en plus d’« exposure » pis elles ose plus. Puis, je ne pense pas que c’est tellement les hommes qui leur empêchaient ça. Je crois que c’est nous, qui souvent, c’est nous qui n’osons pas nous donner cette espèce d’opportunités là, pis là de plus en plus je pense que c’est possible.
Opp : Pour quelle raison, c’est intéressant ce que tu dis ?
Véronique : Je ne sais pas, je pense que les femmes on est plus, on a moins confiance en nous on est plus insécures on a moins de… pis ce n’est pas toutes, je ne nous mets pas toutes dans le… il y en a qui ont vraiment une « drive » incroyable-là. Je pense que de prime abord les femmes on est un peu moins audacieuses mettons. On aime plus le côté « safe ».
Opp : Ok!
Véronique : Je me mets là-dedans !
Opp : C’est bon, c’est bon ! Parle-moi de design, les tendances en design est-ce que ça change beaucoup de nos jours ? Ou est-ce que la boutique Alice Buchanan voulait repousser ces tendances-là, justement de mode avec les enfants ou ici avec la boutique même le design intérieur diffère beaucoup de ce que l’on voit actuellement ?
Véronique : Je pense que le design depuis quelques années, il y a une certaine ligne directrice, mais qui ne change pas tellement, mais qui évolue. Il n’y a pas de gros changements. Je pense que le gros changement c’est que les gens s’y intéressent de plus en plus. Les gens ont l’œil de plus en plus, ils remarquent beaucoup ça puis ils accordent inconsciemment une importance. On le voit beaucoup quand les gens rentrent, ils ont toujours des commentaires. Ils trouvent ça beau, ils remarquent un peu tous les détails chose que jadis j’ai l’impression que les gens en boutique c’était moins important. Je ne te dis pas qu’ils vont acheter plus parce qu’ils trouvent ça beau, mais je pense que ça crée une certaine ambiance puis c’est pareil avec les maisons pis ces choses-là. Quand ils ont des maisons à vendre où ils ont un certain souci du détail, on le voit le marché immobilier est excellent présentement, mais les maisons quand elles sont jolies elles se vendent immédiatement. Je le vois j’ai des clients qui mettent leur maison à vendre c’est instantanée fak les gens remarquent ça je pense que ça prend de l’importance énormément plus que l’évolution du design en soi suit sa courbe, mais les gens vraiment, je pense, ils accordent de plus en plus d’importance.
Opp : Puis au niveau, est-ce que c’est la même chose pour les articles pour bébés, pour enfants qu’aux jeunes enfants ?
Véronique : Oui parce qu’on le voit, c’est de plus en plus des minis nous, tsé c’est des vêtements quasiment pour adultes, mais pour enfants. Les gens veulent que leurs enfants paraissent bien. Ce n’est pas être matérialiste ou quoi que ce soit, je pense que les gens veulent tout simplement que leurs enfants leur ressemblent. Veux, veux pas, c’est l’extension de soi-même et je pense que les gens accordent une certaine importance à ça puis, un moment donné c’est un peu comme pour nous on se dit : « Plutôt que d’avoir une garde-robe sans fin, il va y avoir moins de morceaux, mais, des morceaux un peu plus de qualité ! » et ce, qui le représente plus. Puis, maintenant les enfants se forgent même une personnalité à travers leurs vêtements. Il y a des gens qui ont deux – trois enfants qui n’ont pas le même style parce que ça suit leur personnalité. Je pense que c’est en train de prendre… effectivement, les gens ont de plus en plus l’œil pour les belles choses. Fak, ça se suit.
Opp : Merci beaucoup Véro !
Véronique : Merci Greg !