Entrevue avec Pierre-Yves McSween

L’entrepreneuriat, l’entreprise en démarrage, le financement, la publicité, la comptabilité…on en a vraiment besoin!

P-Y McSween: On en a vraiment besoin!

Entrevue intégrale:

 

Entrevue transcrite:

Opp : Pierre-Yves McSween merci de prendre le temps de nous rencontrer aujourd’hui!

Pierre-Yves : Ça fait plaisir !

Opp : De prendre ton temps si précieux ces temps-ci, parmi tous tes projets 

Pierre-Yves : De moins en moins de temps disponible !

Opp : De moins en moins… Pierre-Yves, tu portes beaucoup de chapeaux, on va décortiquer cela rapidement au fil de notre discussion. Je veux juste commencer avec un point, je sais que tu es un travailleur autonome ou tu te décris comme un travailleur autonome…

Pierre-Yves : À 100% en fait…

Opp : À 100%.... c’est le pourcentage requis habituellement ! Beaucoup de gens avant de se lancer en entreprise vont suivre par exemple les paroles des gurus, disons-le, comme Simon Sinek, Gary Vaynerchuk tout ça qui parlent de « start with why… » donc commencer avec le pourquoi de te lancer en entreprise qu’est-ce que ça te prend. Moi, je vais y aller avec cette question-là, on va la comprendre ! Est-ce qu’on en a vraiment besoin d’un « why » … en as-tu vraiment besoin en entrepreneuriat ? 

Pierre-Yves : Il y a deux choses, premièrement moi je suis un genre d’entrepreneur du type vraiment défensif… je ne suis pas un vrai entrepreneur je me décrirais plus comme un travailleur autonome parce qu’un entrepreneur met ses couilles sur la table, met son argent sur la table donc dans le « why » il y a besoin d’avoir oui une passion, quelque chose qui le « drive » en disant : «J’ai besoin que ça me motive parce que je vais mettre toutes mes énergies, mon risque financier, mes affaires-là dedans». Moi je suis beaucoup plus un gars avec un très gros parachute, un très gros filet de sécurité dans le sens que j’ai une job de prof que j’ai laissé de côté pendant deux ans disons, je vais être complètement sans solde et tout le reste de mes revenus c’est du travailleur autonome, mais, je suis comptable agréé… c’est quoi le pire qu’il peut m’arriver dans la vie ? C’est de me retrouver dans un « cubicle » à 75 000$. Ce n’est quand même pas de l’entrepreneuriat aussi risqué que d’autres. Moi, c’est plus, je suis devenu travailleur autonome parce que pour ouvrer dans le domaine où je voulais œuvrer fallait l’être. 

Opp : C’est de l’entrepreneuriat quand même…

Pierre-Yves : Oui…

Opp : Tu t’es quand même assis pendant, tu me le confirmeras, pendant deux ans peut-être à écrire un livre…

Pierre-Yves : Non, c’est beaucoup moins long que ça. J’ai une diarrhée verbale quand j’écris. Moi, j’écris… c’est ma faute, il faut connaître ses forces. Dans mon « why », oui tu as le pourquoi, mais tu as aussi le « how » le comment puis, moi ben je suis une personne qui avait un talent pour écrire. Donc, j’ai une facilité pour écrire rapidement, ça, j’en suis conscient. Donc ça me permet d’être efficace et un moment donné tu n’as pas le choix dans le milieu des médias sinon tu n’arrives pas. Donc, c’est quelques mois effectivement, disons… ½ à ¾ d’année, mais, c’était un projet plus pour me créer une valeur marchande. Tsé, des fois on se dit je me lance pour me créer! Mon livre c’était beaucoup plus pour me créer une valeur, une carte d’affaires et depuis que je suis tout petit ma mère m’amenait au Salon du livre. Et, j’allais au Salon du livre avec ma mère et voir les auteurs ça m’impressionnait. Donc, quand j’ai eu l’opportunité d’en écrire un moi-même c’était comme un accomplissement.

Pierre-Yves McSween, par Helpy Media

Opp : Est-ce que c’était un sur ta « bucket list », ça me prend d’écrire un livre ?

Pierre-Yves : Ah, oui ! Je l’ai écrit. Moi, j’ai fait un plan de vie professionnel personnel sur une feuille… des « commitments » envers soi-même ! Tsé on parle souvent en entreprise du S.M.A.R.T (Spécifique, Mesurable, Ambitieux, Réaliste et Temporel) les objectifs, je crois, à ça. Donc, je le fais personnellement exemple j’avais écrit écrire un livre avant 40 ans, j’avais écrit être propriétaire d’un duplex à 30 ans, j’avais écrit être prof d’université, je suis devenu prof de cégep parce que j’ai lâché le doctorat. Donc, des fois il faut que tu t’ajustes, mais j’ai écrit « commitments » …

Opp : Ces grandes lignes-là…

Pierre-Yves : Parce que sinon tu ne fais rien. Par exemple, quand j’étais dans un bureau dans une banque au siège social si je me laisse guider par la voie ben je suis aujourd’hui vice-président adjoint dans une banque… ce qui n’est pas mauvais on s’entend!

Opp : Effectivement, ça se prend très bien !

Pierre-Yves : C’est un plan de carrière, mais moi avec tout mon côté un peu plus créatif, un peu plus communication (j’avais étudié en journalisme) … un moment il faut que tu fasses de quoi pour que ça marche. Donc, j’ai fait, j’ai écrit des écrits gratuits pis les gens ont tellement aimé ça qu’après ça tout le reste a été un long processus d’évidences. Mais effectivement, un moment donné quand tu es prof et tu as un appel d’une station de radio et on te dit : « On t’offre une job, un contrat! ». Il faut que tu te dises : « Est-ce que je décide d’arrêter quelque chose ? » Donc, moi ça m’a pris un revenu minimal parce que je suis un comptable donc est-ce que je vais cracher sur un revenu appréciable pour peut-être manger à ma faim. Fallait que ce soit… fallait que ça vaille la peine! J’étais prêt à travailler 80 heures en cumulant deux emplois plutôt que de tout abandonner au départ. Et là, l’année dernière j’ai dit : « Ça va faire! J’ai tellement de projets que là pour les deux prochaines années je fais que travailleur autonome. »  Tout à fait!

Opp : Ce que moi je vois comme étant de l’entrepreneuriat quand même… 

Pierre-Yves : Oui, oui ce l’est!

Opp : Calculé! Tu l’as fait de façon intelligente. Est-ce que tu trouves qu’il y a quand même cette romance-là de se dire… ou je vais y aller… allons-y avec des « statements » chocs… ce « trend-là » de se dire que c’est cool ce que je fais parce que je me lance justement dans ce… en bon français le « leap of faith » et dire je lâche tout pis je pars ma business pis si ça ne marche pas ben ça fonctionnera pas! Trouves-tu qu’il y a un peu de ça derrière les décisions, est-ce qu’on ne réfléchit pas assez… ce qui peut être bon ou mauvais? 

Pierre-Yves : Moi, personnellement, évidemment j’ai une formation en finances, en administration et en comptabilité donc effectivement je pense à tous les aspects avant. Je serais un très mauvais entrepreneur de « all in » exemple un Guy Laliberté… des gens qui ont tout misé, que ça aurait dû ou pu planter, mais que finalement ça l’a été un grand succès. D’ailleurs, derrière les grands succès il y a un peu d’inconscience. Il y a trop de risques par rapport à la possibilité que ça fonctionne et ça fonctionne quand même c’est ce qui fait qu’on appelle ça des succès. Parce que oui, effectivement, tu prends n’importe quel restaurant… un restaurant c’est un très bon exemple! 

Les gens : « Ah, je me pars un restaurant! »

Moi : « Connais-tu ça? »

Les gens : « Non ! »

Moi : « Louer un local, payer des employés, payer des charges sociales … avant que tu te paies un salaire décent… tu vas en avoir payé des gens! »

Opp : Surtout dans un restaurant!

Pierre-Yves : Surtout dans un restaurant et la clientèle va peut-être être là, peut-être pas être là donc peut-être pas au rendez-vous. Moi ce qui me fascine c’est dire quand tu mets ton argent sa table moi, il faut que j’y croie. Il faut que je croie qu’il y a un marché potentiel. J’ai souvent eu le goût de faire des choses, ça n’a pas adonné ou j’ai eu des idées, mais moi, je suis un travailleur autonome dont la valeur marchande de ce qu’il vend c’est lui. Moi, je vends ce que je produis; je vends l’image, je vends ce que j’écris, je vends mes conseils, mais je ne vends rien de matériel sauf le livre. Ce n’est pas moi qui ai pris le risque financier c’est l’éditeur. Moi, je prends le risque de n’avoir aucun argent avec ça, mais je n’ai pas pris de risque financier…

Opp : D’avoir perdu ton temps…

Pierre-Yves : Exacte! Quand je fais des chroniques radio, je prends le risque que ça s’arrête du jour au lendemain, mais ça ne me coûte rien sauf un ordinateur pis des crayons. Quand je fais des écrits, le livre… c’est des fins de semaine, des soirs pendant des mois, mais c’est un accomplissement au bout du compte. Moi, j’étais capable de dire que je vais « leveragé » sur le livre c’est-à-dire, je vais m’en servir pour comme carte de visite, comme carte d’affaires puis, effectivement ça pourrait me servir beaucoup plus que maintenant parce que je n’ai pas le temps, mais ça m’a créé une valeur différente de plein de gens parce que j’ai pris le temps de créer quelque chose. Tu as vu j’ai « leveragé », je me suis servi du ratio financier de quelqu’un d’autre pour créer un produit. L’éditeur prend le risque, le détaillant qui a la librairie prend le risque d’affaires de payer le local et moi, oui je reçois de 10 à 14 % des ventes, mais s’il n’y a pas de ventes je ne fais pas d’argent. S’il n’y a pas de ventes, je ne perds aucun argent. Donc, moi c’est une gestion de liquidité je suis comptable. Donc c’est un angle comptable de l’entrepreneuriat, du travailleur autonome qui est très différent d’un angle de quelqu’un qui vend un produit. 

Opp : Est-ce que tu penses qu’il y a assez d’éducation disponible au Québec justement en finance ou en fiscalité ou peu importe pour se lancer en entrepreneuriat ou être un travailleur autonome. Est-ce que l’on manque d’éducation ?

Pierre-Yves : Bien, si n’y va pas par soit même c’est sûr. Si tu n’as pas étudié en administration, tu n’as aucune formation il n’y a rien. Ça s’en vient un peu, mais il n’y a rien. Et, c’est tellement complexe il faut que même si tu fais affaire avec un comptable, un fiscaliste, avec un avocat ça coûte tellement cher les mesures légales, les mesures comptables que vas-tu te lancer en entreprise et brûler 3 000$ en frais annuels liés à des experts quand tu ne connais pas ça. Il faut que ça t’intéresse un peu. Mêlez-vous dont de vos affaires pour vrai, intéressez-vous, allez lire des blogues, allez lire des livres, informez-vous autant de votre produit de comment gérer votre produit. Donc, oui au niveau entrepreneurial moi, je ne crois pas que tu peux être 100% artiste dans ta vision et ne pas t’intéresser à comment on paie nos « bills », on est-tu en train de perdre de l’argent, sur quoi on fait des marges. Tsé ici on est dans un bar, il faut que tu sois capable de vendre à des compagnies de spiritueux : « Je vais te vendre tant de milliers de litres, je vais te vendre telle quantité, je vais être capable de pousser ton produit, je vais te mettre dans mon menu. » Donc, on va aller beaucoup plus loin que de dire « Ben, j’achète de la bière pis j’en vends! » C’est que l’on va créer…

Opp : Parce que tout est monnayable dans un endroit comme ici !

Pierre-Yves : Tout est monnayable, ici la clientèle est monnayable évidemment il faut que la clientèle aime ton produit. Tu peux dire très bien, je ne sais pas moi, dans mon menu ce mois-ci je vais pousser tel produit et on va faire des cocktails intéressant avec ce produit-là. Et, tu vas voir les compagnies de spiritueux tu leur dis : « Est-ce que ça t’intéresse d’être dans mon menu ce mois-ci et payer pour ? » C’est un peu le principe, je ne connais pas leurs affaires, mais ce que je te dis c’est qu’il y a une possibilité de faire ça. C’est comme dans n’importe quel domaine, il faut être proactif dans ses connaissances, mais aussi dans ce que l’on vend. 

Opp : Est-ce que l’on a besoin d’avoir une idée d’entreprise qui nous rejoint ? On parlait du pourquoi tantôt du « why », là on parle d’avoir un bar ici… c’est « glamour ». Mettons que je suis propriétaire d’un bar… nous remercions la distillerie par ailleurs de nous recevoir 

Pierre-Yves : Merci beaucoup, c’est gentil !

Opp : Un restaurant souvent c’est la même chose, souvent les gens vont dire : « Ben moi, j’ai eu mon resto ! ». Est-ce qu’on devrait peut-être plus penser à ça ou je veux dire les entrepreneurs qui ont plus de succès, si l’on veut, 

Pierre-Yves : Ben, ici ça fonctionne parce qu’ils sont passionnés. C’est un gars qui faisait des bars, qui faisait la mixologie… il était passionné par le produit. Il veut faire découvrir sa passion et si c’était simplement quelqu’un qui voulait faire de l’argent ça n’aurait pas fonctionné !

Opp : Parce que celui qui a inventé le Gaffer Tape ou le Tie Wrap probablement que ce n’était pas par passion…

Pierre-Yves : Non, mais peut-être par exemple qu’il y avait un problème et il s’est dit : « Ah, je vais trouver la solution ! » Il y avait un livre de Jean-François Ouellet qui a animé Génération Inc. tu te souviens ? 

Opp : Oui !

Greg Lanctot et P-Y McSween, par Helpy Media

Pierre-Yves : Lui, il a fait un livre qui dit qu’il est allé rencontrer des entrepreneurs et il a découvert que dans le fond lorsque les entrepreneurs sont passionnés, qu’ils ont un bonheur dans ce qu’ils font et qui croient au produit c’est-à-dire : « Mon produit améliore le monde ! » Bien, c’est un facteur de réussite par exemple le gars qui a fait Crudescence lui, il voulait aider les gens à mieux manger. Ben veut, veut pas si tu es passionné et tu partages les gens sont attachés à toi, ils sont attachés et tu vas vendre du bonheur et tu vas être content de travailler. Ça c’est une autre affaire, si tu n’aimes pas ce que tu fais tu n’y mets pas les heures, Tsé le livre j’aimais ça faire ça donc, j’y ai mis des centaines d’heures même si elles n’avaient pas été rémunérées j’aurais été content de le faire quand même. Tandis que si tu fais une business juste pour faire de l’argent il y a un moment donné où tu vas rentrer désabuser, tes clients ne croiront pas à ton produit ils ne seront pas motivés à t’encourager et à revenir, il n’y aura pas ce sentiment d’attachement là. Tsé, si moi, je viens ici prendre un verre c’est parce que les propriétaires sont sympathiques, les employés sont motivés, les employés aiment se qu’ils font et en plus, ils aiment découvrir des choses… créer… faire goûter des nouvelles choses versus tu t’en vas dans un dance club et la personne te donne une Molson Ex à 7$ et qu’elle te dit : « Ça va faire 10$ » parce qu’elle veut 3$ de tip. Ça, c’est une vision très mercantile, mais qui ne montre pas de passion. Donc, ça prend de la passion ! Donc, dans le « why » peut-être qu’aimer ce que tu fais ça aide. D’ailleurs quand tu aimes ce que tu fais ça paraît ! Tous les entrepreneurs qui aiment ce qu’ils font ça se transmet quand ils parlent, on aime ça et leur succès devient un « story telling » même des fois parce qu’ils ne sont partis de rien. Ils ont réussi, pourquoi, parce qu’ils étaient passionnés parce qu’ils faisaient. Moi, j’y crois à ça. Donc, pourquoi je suis dans le milieu des médias c’est parce que ça me passionne ! Est-ce que je pourrais gagner le même salaire comme professeur ou un peu moins avec moins de stress et un horaire plus régulier, mais j’aime tellement ça que je crée de la valeur, j’ajoute d’autres choses, je fais d’autres interventions. Donc, je suis en train de bâtir mon salaire et mon revenu en fonction d’une passion et je pense que c’est comme ça qu’il faut agir. 

Opp : Justement dans ta carrière dans les médias, est-ce que l’on peut s’attendre à un deuxième livre parce que, “En as-tu vraiment besoin” c’est un peu un « one o one » de finance personnelle. Moi, je l’ai lu et j’ai trouvé ça super intéressant je me rendais compte que bon je vais me donner une tape dans le dos… j’appliquais beaucoup de ces concepts-là, des principes que tu élabores. Est-ce que l’on peut s’attendre à un « one o two », « one o three »? 

Pierre-Yves : Moi, sur ce concept-là moi, j’aime bien couvrir au total je ne planifie pas faire une affaire ne six volumes parce que dans le monde de l’édition, ça, c’est une chose, ça descend. Dès que tu fais un grand succès avec quelque chose, quand tu fais un « spin-off » ou une suite qu’est-ce qui arrive c’est que c’est toujours les ventes qui décroisent. Donc, tu connais bien ton marché moi, je connais mon marché le livre, il faut que je fasse un autre projet. Peut-être qu’il y aura une suite sous un autre angle, mais je vais écrire sûrement d’autre chose dans ma vie, mais pas ce sujet-là. 

Opp : Parce que c’est un livre qui dans le temps va durer également.

Pierre-Yves : J’aimerais ça le mettre à jour avec les années, mais je me suis arrangé quand je l’ai fait pour ne pas mettre trop de détails qui sont trop du genre : « Voici un conseil avec le taux de fiscalité d’aujourd’hui ! », ça va changer donc, je suis allé beaucoup plus sur le principe que sur le détail. Sinon, ça devient un livre d’école qu’il faut changer aux 6 mois et ça, ce n’est pas une bonne idée. Mais… ce n’est pas une bonne idée parce que tu ne fais pas juste ça dans ta vie mettre à jour un livre !

Opp : Effectivement !

Pierre-Yves : Mais ce que j’aime dans ce livre-là, j’ai fait le tour de la question. Je n’ai pas besoin d’en faire un deuxième si j’en fais un deuxième c’est sous un nouvel angle. Les gens ne peuvent pas s’attendre à ce que je fasse quarante-deux autres chapitres sur les finances personnelles. Quand je l’ai fait, je voulais couvrir au complet pour pas que quelqu’un me dise : « Ouin, mais tu as oublié de parler de ça, parler de ça, parler de ça… » Je voulais que ça couvre généralement la totalité de ce qu’il faut savoir donc, je me suis attardé à ça. Oui il va y avoir d’autres projets, mais pas “En as-tu vraiment besoin” 2 – 3 – 4 comme qu’est-ce qu’on mange 1 – 2 – 3 – 4 – 5 – 6…

Opp : En as-tu un peu besoin ?

Pierre-Yves : Non… mais ça pourrait être “En avais-tu vraiment besoin ?”. Il y a plein de facteurs, ça pourrait être aussi sur l’incorporation. Donc, je ne donne pas toutes mes scoops mais c’est plein d’idées que j’ai, mais… ce n’est pas obligé d’être sur les affaires, mais bon « branding » est affaires donc je vais rester dans les finances. 

Opp : Parfait, je ne peux pas passer à côté de faire une petite entrevue “En as-tu vraiment besoin ?!”

Pierre-Yves : Je t’écoute !

Opp : On va le faire dans une question…

Pierre-Yves : Vas-y !

Opp : Les mesures fiscales qui sont présentement pour encourager l’entrepreneuriat au Québec… parce qu’on dirait que l’entrepreneuriat c’est quelque chose de nouveau… maintenant c’est correct d’en parler au Québec, c’est correct de parler d’argent. Qu’est-ce que tu en penses, est-ce qu’elles sont suffisantes pour encourager l’entrepreneuriat ?

Pierre-Yves : En fait, ce que l’on a besoin, fiscalement je pense que oui parce que si vous vous incorporez et vous faites des surplus bien, vous pouvez les laisser dans votre incorporation. Il y a une stratégie fiscale que l’on peut avoir. Évidemment, là, il y a peut-être la déduction pour petite entreprise qu’on vient réduire au Québec si vous n’avez pas 5 500 heures d’employées… le problème c’est qu’on voulait lutter contre les médecins qui s’incorporaient juste pour différer l’impôt, mais on oublie peut-être tous les tout petits entrepreneurs qui ont vraiment juste 1 employé, 1 employé et demi et qu’eux, aurait bénéficié de cette déduction-là s’ils font des surplus. Ça, c’est peut-être quelque chose qu’on a peut-être mal pensé. L’autre point intéressant, c’est plus le capital en fait pis il y a beaucoup de gens à qui je parlais… quand tu es entrepreneur la seule chose qui t’arrête vraiment souvent c’est l’argent. Tu as souvent une très bonne, tu as une expertise tout va bien, mais là tu as besoin de 100 000$ parce que juste mettre à jour un local comme ici. Tu achètes un vieux local commercial, tu fais des améliorations locatives… tu ne t’en sors pas en bas de 150 000$.

Opp : Absolument pas !

Pierre-Yves : Vraiment pas... c’est une petite amélioration locative. Donc, surtout avec les lois de la construction. Donc, qu’est-ce que tu fais ? Tu as besoin de « cash » ! Qui peut en donner ? Ben là, tu as le « venture cap » avec des taux de possession que si ça marche on va aller te chercher. Tu as la banque qui te demande de mettre tes enfants… l’avenir de ta famille dessus avec toute l’hypothèque de ta maison tout ce que tu as… mais y as-tu… ça prend une espèce de capital un peu comme le fond de la FTQ. C’est ce genre d’affaires là que ça prend, un portefeuille dédié, mais qui accepte d’avoir une portion un peu subvention c’est-à-dire qu’on investit, mais il y a des bonnes chances que ça ne fonctionne pas… si on en fait de l’argent, on va « capper » notre rendement pour pas que l’entrepreneur soit à terre. Parce que là… il y a beaucoup de « success story » qui viennent de famille exemple : David’s Tea! Tout le monde dit : « Wow, David’s Tea » et là quand on regarde les états financiers oui il y a beaucoup de magasins, mais ce n’est pas encore tout à fait bon…

Opp : Là, parle-moi s’en j’ai acheté l’action quand elle est sortie d’ailleurs 

Pierre-Yves : As-tu perdu à date ?

Opp : J’ai perdu la moitié, ben… je te dirais que j’ai lâché prise. J’ai transféré ça dans d’autres compagnies…

Pierre-Yves : Parce que David’s Tea s’est intéressant… bon… vendre du thé comme Starbucks vend du café. Évidemment, le thé, l’avantage c’est qu’avant de perdre la valeur ça prend du temps… ton stock n’est pas si pire. Tes employés ne sont même pas à pourboire donc il n’y a pas de pourboire à donner pour le client. MAIS! Ce qui fatigue c’est qu’un ça peut être copié facilement et deux l’argent venait de la famille. Tsé le petit gars, y’a pas sorti un million pis y’a craché ça ! Il y a eu… donc, on parle de « success story » de gens ou les gens qui ont une belle visibilité, mais y’ont eu du « cash » de quelqu’un avant. Donc, je ne nommerai pas d’autres exemples, celui-là il est connu, il est public. Il y a beaucoup de monde, on parle de « success story », mais on oublie de dire que ça prend du capital. Tu as beau avoir le talent, l’idée que tu veux… ça prend du capital pour les jeunes entrepreneurs. Je cherche une façon de le donner… ce n’est pas moi qui vais le donner je suis un pauvre! Je ne suis pas millionnaire, mais si quelqu’un a de l’argent… comment… on peut-tu avoir autre chose que des anges ! Y’as-tu une espèce de capital commun qu’on pourrait mettre à la disposition, tsé il y a le capital régional Desjardins, il y avait un peu de capital des CLD, mais il faut aussi que les gens qui donnent de l’argent aient beaucoup de compétences pour dire aux gens : « Regardes ! Ça, on n’y croit pas et c’est pour ton bien qu’on n’y va pas ! » Ça prend aussi quelqu’un qui dit à l’entrepreneur : « Eille ! Ton idée, c’est ben le fun, tu es passionné, mais ça ne fonctionne pas! » Je te donne un exemple, pas trop loin d’ici il y a un café, ils sont ouverts 6 heures par semaine parce que c’est une coopérative de travail pis… ça ne fonctionnera pas. Ils vendent un modèle du type : « On travaille quand ça nous tente, on est bénévole… c’est une coop pis on va s’arranger pour que ça marche ! » Non! Il faut que tu aies une image distinctive, il faut que tu vendes un produit sympathique, il faut que tu sois ouvert tu es un café… il faut que les gens aient le réflexe de pas arriver et que vous ayez décidé de fermer. Les clients se disent : « Ben, c’est ça tsé, on n’ira plus ! » Donc, tu reviens à la question initiale, ça prend du capital… moi c’est vraiment ça. Il faut trouver une façon de donner du capital à des gens qui n’en ont pas. Parce que sinon c’est injuste. Le monde riche a de bonnes idées. Je te donne un exemple, Buzz Bud… Buzz Bud ça va peut-être marcher un jour-là, mais ça demeure du capital de risque pour l’instant, ça demeure du capital qui vient de contacts, de sources… oui il y a du capital extérieur, mais ça demeure quelque chose que si tu étais né dans Hochelaga avec un père qui gagne 20 000$ par année tu n’aurais pas eu le « funding » suffisant pour te lancer là-dedans. Puis, tsé, regardes Facebook… c’est un succès mondial, mais Facebook s’est parti à Harvard avec du monde qui avait accès à des parents qui avaient des contacts pour établir le capital de risque. Si je suis à la Polytechnique en 1998 en informatique… mettons j’ai la même idée, je la pars peut-être que c’est rien… peut-être que je suis pauvre… 

Opp : Peut-être que quelqu’un l’a parti justement à la Polytechnique en 1998 pis que ce n’était pas… 

Pierre-Yves : Je l’aurais vu, mais… Internet était encore trop en balbutiement, mais c’est pour te donner une idée que ce n’est pas encore… ce n’est pas assez fort. Ça prend du capital, ça prend des contacts, c’est ça que l’on doit donner aux entrepreneurs au-delà des avantages fiscaux c’est du « cash » ….

Opp : Un meilleur partage…

Pierre-Yves : Un meilleur partage du capital, peut-être même pas un partage, mais au moins un coup de main, si je te dis que : « Tu as une bonne idée de restaurant super, voici 100 000$ ! » Tu vas mieux partir que si je te dis : « Je vais prendre ta maison, ta garantie puis tu vas vendre telle affaire et ta blonde va cosigner. Crimes, si tu te plantes ! » Est-ce que c’est responsable de mettre l’avenir financier de sa famille, ça, c’est un autre point entrepreneurial, sur la table pour réaliser un rêve. Ça aussi c’est quelque chose que oui c’est responsable si ça fonctionne, mais si tu plantes as-tu nui à l’avenir de toute ta famille parce que tu avais un « trip » d’essayer… c’est pour ça qu’il faut essayer, mais il faut calculer avant ! C’est pour ça que je calcule. 

Opp : C’était une réponse magique ! Magique !

Greg Lanctot

Greg est un créateur de relations hors pair, passé maître dans l'art d'organiser son temps entre sa vie professionnelle et sa passion pour l'haltérophilie et le CrossFit. Il est un entrepreneur qui attaque chaque défi de front. Fort d'un bagage de 10 ans dans les médias, où il est passé par des organisations comme Astral, Bell Média et La Presse (où il a été nommé dans le prestigieux "Top 30 Under 30" d'InfoPresse), il désire maintenant mettre à profit cette expérience pour son autre passion; le café. Sa vision d'une entreprise doit être très près de ses valeurs familiales, équitables, de partage, d'intégrité et de transparence.