Le sauvetage d'entreprise
Lorsque c'est bien fait, on peut très bien survivre à une faillite, et même en sortir plus fort !
Le sauvetage d’entreprise, ce n’est pas le genre de service qu’on aimerait avoir à se servir. Pourtant, 60% des entreprises québécoises ferment dans leurs cinq premières années. J’ai donc décidé d’interviewer Stanislas Didier, président de Mayday Stratégies, une entreprise qui se donne comme objectif d’aider les entreprises au bord du gouffre, plus souvent qu’autrement, grandies.
CA : Vous faites une activité très particulière, le sauvetage d’entreprise. D’où vous êtes venu cette vocation ?
SD : Effectivement, les gens qui découvrent mon activité sont toujours très surpris. J’attends souvent des ‘’ah, ça existe vraiment ?’’ Je réponds que l’on soigne bien les personnes physiques ! Alors pourquoi pas les personnes morales telles les entreprises ? Cette vocation m’est venu le jour où j’ai compris qu’il existait au Québec plusieurs façons tout à fait légales de sauver un bon nombre de compagnies. Les grandes entreprises savaient toujours en profiter mais pas les plus petites.
CA : Pourquoi faites-vous ce métier ?
SD : Autant que je me souvienne, enfant en France, j’ai toujours voulu être chef d’entreprise. Mes arrières-grands- parents, mes grands-parents, mes parents et beaucoup d’amis de ma famille étaient entrepreneurs. C’était comme une ‘norme’ autour de moi. Un peu avant mes 10 ans, mes parents ont tout perdu dans les affaires. J’ai très mal vécu ce drame. J’avais deux choix devant moi quand je deviendrais adulte. Me ranger dans le rang pour éviter que ce genre de malheur me touche un jour ou être ‘’revanchard’’ sur le mauvais sort.
Après mes études et un passage à un très bon poste dans une multinationale automobile, j’ai compris qu’un jour ou l’autre, je devrais sortir du rang. Alors j’ai choisi de me lancer tôt dans les affaires à 25 ans avec peu de moyen. Un restaurant en Bourgogne, puis plusieurs… Puis, une immigration à Montréal. Un commerce de détail, puis plusieurs… Du commerce en gros, etc… Une vie bien remplie comme je l’avais rêvée, des voyages dans le monde entier pour acheter ou faire fabriquer mais qui ne s’arrête jamais. Des prises de risques payantes, plus de vingt ans de nombreux succès. Mais toujours, la solitude du chef d’entreprise seul devant ses décisions à prendre. Puis des difficultés qui sont arrivées et qui finissent par faire réfléchir et peser sur la santé. Avec le temps, on finit par s’interroger sur nous-même, sur le sens de notre vie. Pourquoi fait-on tout ça ?
C’est à ce moment-là que j’ai commencé à penser transmettre mon expérience pour aider d’autres entrepreneurs. Cela donnerait un nouveau sens à ma vie. Avec deux tiers des entreprises canadiennes, dont la province du Québec loin d’être épargnée, qui ferment dans les cinq premières années, les difficultés que certaines auraient à traverser et les startup qui ne peuvent même pas démarrer, j’ai pensé que le potentiel était là. Et j’avais un sacré beau défi devant moi !
Alors, quand j’ai eu le sentiment de maitriser les rouages du sauvetage d’entreprise et que j’ai eu la certitude que mes expériences pouvaient aider et faire une réelle différence auprès des autres entrepreneurs, j’ai foncé en créant Mayday Strategies.
CA : Comment faites-vous votre travail pour sauver les entreprises ?
SD : La compréhension de la situation est primordiale. Pour cela, je me mets avant tout dans la peau des dirigeants mais j’ai la chance d’arriver avec un œil neuf et sans être paralysé par le stress, ce qui n’est plus le cas du chef d’entreprise depuis souvent bien longtemps. J’ai aussi mon baguage de nombreux cas différents vécus. Ensuite, nous définissons avec tous mes collaborateurs la meilleure stratégie pour sauver ou développer l’entreprise. Nous proposons aussi les meilleures personnes pour les mettre en place. Souvent après, mon travail de persuasion commence car c’est le chef d’entreprise qui doit prendre la décision finale et il est souvent en situation de confusion, de stress et parfois même totalement perdu. Il faut comprendre que les difficultés jouent un rôle important sur le sommeil, la santé, les relations sociales et familiale.
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CA : Est-ce que la faillite est la seule solution ?
SD : Non, il y a de nombreuses alternatives accessibles avant d’envisager une faillite. Mais l’erreur que font presque tous les chefs d’entreprise est de trop attendre avant de consulter. Mais une faillite ne doit pas être un mot tabou pour autant. Elle peut être réussie.
CA : Comment survire à la faillite ?
SD : Carl, j’aime ce verbe ‘survivre’ que vous venez d’employer. Pour moi, la santé de mes clients, physique comme mentale est le plus important. C’est aussi mon rôle de leur tenir la tête hors de l’eau et ils peuvent compter sur moi. Jour et parfois même la nuit… Ma seconde priorité est de maintenir leur vie, familiale et matérielle, au mieux. Enfin, ma troisième priorité et de les remettre sur les rails pour repartir. Dans une vie, le côté professionnel n’est qu’une partie de la vie. Dans l’échec, il ne faut pas imaginer qu’elle représente tout.
Dans les affaires, mes deux expressions préférées sont ‘‘Plaie d’argent n’est pas mortelle’’ que m’a appris mon oncle après une grosse déroute dans les affaires et ‘’Tomber sept fois, se relevé huit’’ qui est le titre d’un livre de Philippe Labro, un ‘’touche à tout’’ qui a sombré un jour dans la dépression alors qu’il était à la tête d’une belle entreprise.
On survit donc très bien à une faillite, on peut même en sortir grandi !