Entrevue avec Isabelle Jetté, Photographe
Entrevue avec la photographe Isabelle Jetté. De artiste à entrepreneure, plusieurs défis à relever!
De artiste à entrepreneure
Entrevue transcrite:
Opp: Alors, salut Romain Chauvet avec vous aujourd’hui! Alors, aujourd’hui on s’entretient avec Isabelle Jetté. Salut Isabelle!
Isabelle: Bonjour!
Opp: Alors, ça va bien?
Isabelle: Ça va très bien et toi?
Opp: Bon, super, très bien également! Merci de nous recevoir ici donc à la fois ta maison et ton espace de travail.
Isabelle: Exactement!
Opp: Alors justement, qui es-tu pour les gens qui nous écoutent?
Isabelle: Et bien moi, je suis photographe. Ça fait neuf ans que je suis travail… haha que je suis travail… que je travaille dans le domaine et donc, je suis une photographe surtout de portrait, mais je fais un petit peu aussi au niveau de l’alimentation quelques photos de produits.
Opp: Alors, tu t’es partie en affaires il y a plusieurs années maintenant alors, on va en parler dans un instant, mais avant j’aimerais que l’on revienne sur la personne que tu étais quand tu étais enfant et celle que tu es devenu maintenant parce qu’il y a eu quand même un grand changement.
Isabelle: Excellent! Alors, au niveau du changement c’est ça… quand j’étais enfant j’étais beaucoup plus gênée, très introvertie l’opposé total de qui je suis aujourd’hui. Les gens qui me connaissent aujourd’hui me parleraient il y a dix ans et plus que ça… je ne suis pas la même personne. La photographie m’a vraiment amené à devenir quelqu’un de beaucoup plus extraverti, à me développer personnellement. Ça l’a été vraiment un outil pour moi autant devant la caméra que derrière donc ça m’a apporté énormément.
Opp: Donc, le déclic c’était la photographie?
Isabelle: Ouais, totalement!
Opp: Qu’est-ce qui a fait que tu t’es lancée dans l’entrepreneuriat… qu’est-ce qui a… est-ce que ça t’a alimenté depuis déjà de nombreuses années avant ou ça t’est venu du jour au lendemain?
Isabelle: Ça m’est venu du jour au lendemain comme on dit. En fait, ben j’ai toujours été une artiste… ç’a toujours été en moi. Est-ce que je voulais aller vers la photographie? Ce n’était pas nécessairement ce que j’avais en tête en fait, je voulais devenir psychologue. Et puis, je n’étais pas fait pour aller vers la psychologie, ce n’était pas un domaine qui m’interpellait au niveau des études. J’étais plus une fille de terrain, une artiste donc il y avait un « clash » quand même. Je voulais faire une différence, je voulais aider vu mon parcours, vu à l’enfance justement comme on parlait tantôt… le côté introverti. Je voulais pouvoir aider d’autres comme moi j’avais déjà été aidée. Puis, là, finalement ça l’a ça « clashait » un petit peu. On m’a réorienté vers la photographie, ça m’a été amené par un orienteur. Ce n’était pas l’idée que j’avais en tête. Puis, en sortant du CÉGEP pour moi, ça s’est fait tout naturellement de foncer comme entrepreneur. Même si les premières années ça l’a été difficile… parce que ce n’est pas évident quand on est un artiste de performer comme entrepreneur.
Opp: Alors, justement, qu’est-ce qui était difficile?
Isabelle: Oui, ben ce qui a été difficile c’est ça… en tant qu’artiste on est très critique envers soi donc, c’est certain que l’aspect de l’argent, de charger pour un service alors qu’on n’a peu confiance. On travaille, on est toujours critique, on veut toujours faire mieux et tout ça donc, c’est difficile au départ de charger sa valeur. Humm, qu’est-ce qui a été difficile autre que ça… ben c’est tout l’aspect, justement, de prendre confiance d’être un entrepreneur pis d’avoir les connaissances aussi parce qu’un artiste, il faut comprendre que c’est quelqu’un qui est très créatif, mais qui… ça peut être créatif dans la façon de faire la business par contre. Ça, c’est vrai! Mais au départ, on ne l’a pas naturellement. Ce n’est pas inné en nous de faire…
Opp: Et on s’en parlait juste avant, tu nous disais qu’il y avait un petit peu une différence entre les artistes d’un côté et les entrepreneurs de l’autre. Justement, qu’elle est ton avis sur cette question-là… les artistes qui deviennent entrepreneurs ? C’est plus difficile?
Isabelle: Oui! Selon moi, c’est plus difficile… il faut aller chercher les ressources. Ce n’est pas… il y a une différence entre quelqu’un qui dit : « Je veux une business et je vais trouver un créneau pour le faire! » et quelqu’un qui dit : « Ça, c’est ma business, ça, c’est ma création… c’est ce que je veux faire! Comment je fais pour le projeter? » Donc, je savais très bien faire la photographie. Je savais très bien la partie créative de la chose par contre, me vendre; faire mon marketing; tout ce qui est l’aspect business c’était un apprentissage! Donc, c’est beaucoup plus difficile! Comme on le disait tantôt, par rapport à l’argent, la relation argent-artiste qui ne veut pas vivre dans la luxure; qui ne veut pas… qui voit ça comme quelque chose de pratiquement mal faire de l’argent. C’est comme : « Ah, c’est pour les multinationales et tout ça! » C’est difficile de s’accorder sa valeur! Donc, c’est un apprentissage, je pense!
Opp: Alors, justement, cet apprentissage que tu dis là, comment tu le développes ? Est-ce que c’est avec un mentor ? Il y a des gens inspirants que tu suis leur modèle, leurs conseils? Comment tu as fait pour…
Isabelle: En fait, moi, ça l’a été une question de tomber très bas! En essayant toujours de performer pis de faire mon métier ne sachant pas comment être une businesswoman et en étant une artiste, je me suis brulée. Donc, soit je lâche la photographie faire complètement autre chose ou je fonce, mais je fonce de la bonne façon. Puis, pour moi, ça l’a été le déclic. On m’a réorienté vers un cours, une formation qui s’appelle Lancement d’une entreprise et, à partir du moment où j’ai fait le cours ça l’a été vraiment mon déclic. Les professeurs m’ont réveillé, m’ont dit : « Tu ne charges pas assez cher, tu es une entreprise… il faut que tu charges pour le temps que tu n’es pas sur le terrain. Tout ce qui est administration ça ne se fera pas tout seul. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne pour faire fonctionner une entreprise. »
Opp: Je trouve ça très intéressant que tu en parles ouvertement comme ça, parce qu’on a souvent tendance à croire que c’est seulement… qu’il y a seulement du positif, mais là tu nous racontes un petit peu ton histoire.
Isabelle: Oui, effectivement.
Opp: C’est intéressant, puis je trouve qu’au niveau de ton travail maintenant plus précisément des photos tu es vraiment axé sur ce qui est naturel, pas de retouches. Parle-nous un petit peu de ce côté-là de ton travail.
Isabelle: Oui, bien en fait mon idée c’est vraiment de mettre en valeur les gens, de leur redonner confiance. C’est sûr que bon, on va dire dans le corpo : « Ah ouais, ok, comment tu fais ça? » Oui, c’est vrai dans le corpo aussi ce besoin-là est là. Ce n’est pas juste dans le boudoir… naturellement les gens viennent pour ça. Pas que pour ça, mais souvent il y a un petit « Ah, je veux faire ça pour mon chum ». Mais, il y a cet aspect-là aussi de reconnecter avec ta sensualité. Donc, moi, l’idée c’est de les valoriser tels quels. Non pas en les modifiant et en leur disant : « Ouais, t’es belle, mais juste si je te retouche tsé. » Donc, l’idée avec ça est très… disons que c’est là où est-ce que c’est maximal, mais par contre dans le corpo c’est pareil. Oui, on va faire un petit peu plus de retouches parce que bon, c’est un milieu un peu plus huppé. On veut les choses un petit peu plus droit, mais toujours dans le naturel quand même. Parce que je trouve que c’est important que les gens soient authentiques. Moi c’est dans mes valeurs de base : :la simplicité, l’authenticité. Puis, en même temps, il faut comprendre qu’en corpo c’est des gens comme toi et moi, c’est des personnes. Ils viennent avec leur… ils ont des complexes eux autres aussi, ils sont soucieux de leur image… tout le monde a ses complexes. Donc, il faut prendre le temps avec eux de les comprendre, de les écouter, de saisir le besoin et de les mettre en valeur même si c’est du corpo, il y a une personne derrière ça. Donc, l’aspect humain.
Opp: C’est sûrement ça qui te différencie des studios plus traditionnels de photos!
Isabelle: Ouais, ouais, je pense qu’il y a une belle vague de ça aussi en ce moment au niveau de la photographie. On n’a pas le choix de se démarquer par nos personnalités. Avant, tsé, la photographie c’était tellement pas accessible parce que c’était avec le film et tout ça, puis là il y a un gros essor pour la photographie. Donc, maintenant, tu ne peux pas te permettre d’être quelqu’un de… une personnalité exécrable, mais
Opp: …seulement faire de la photo?
Isabelle: Voilà, exactement! Il faut aller au-delà de ça. Je pense qu’il y a un gros mouvement qui se créer et je pense qu’il faut être très original. Il faut être… livrer une image qui est de qualité pour se différencier de l’amateur, mais il faut aussi avoir la personnalité pour se différencier.
Opp: Alors, j’ai une dernière petite question avant que l’on termine Isabelle. C’est une question que je pose à tous les invités que je reçois : Est-ce que la petite fille que tu étais auparavant serait fière de la femme que tu es devenue aujourd’hui?
Isabelle: Oui, vraiment! Je pense qu’elle serait impressionnée, elle serait surprise… en même temps, surprise, mais peut-être pas tant que ça finalement parce que je pense qu’il y avait une flamme quand même depuis ce temps-là qui demandait juste à briller. Puis, le chemin s’est juste fait naturellement. Puis, je pense qu’elle serait très fière!
Opp: Alors, on peut te retrouver sur ton site internet : http://www.isabellejette.com/
Isabelle: Oui, totalement!
Opp: Merci beaucoup Isabelle!
Isabelle: Merci à toi!