Entrevue avec Caroline Codsi de La Gouvernance au Féminin

Caroline Codsi, la fondatrice de La Gouvernance au Féminin. Un organisme à but non lucratif fondé en 2010 avec pour mission de soutenir les femmes dans leur développement de leadership, leur avancement de carrière et leur accession à des sièges sur des conseils d’administration.

Caroline Codsi, fondatrice de La Gouvernance au Féminin

 

Entrevue transcrite:

Opp : Donc, bonjour c’est Stéphanie pour Opportunités! Je suis en compagnie de Caroline Codsi de la Gouvernance au Féminin. Je vous remercie d’avoir accepté mon invitation pour l’entrevue.

Caroline : C’est un plaisir Stéphanie, merci!

Opp : J’aimerais ça que vous m’expliquiez ce que c’est la gouvernance au Féminin. On en voit beaucoup, on en entend beaucoup parler… les médias sociaux, je vous vois partout. Je vous trouve super intéressante! Dites-moi en quoi ça consiste ? 

Caroline : Alors, la Gouvernance au Féminin c’est un organisme à but non lucratif que j’ai fondé en 2010. La mission c’est vraiment d’encourager les femmes à développer leur leadership, à faire avancer leur carrière et à siéger dans des conseils d’administration. Ultimement, c’est ça notre objectif premier. Évidemment, on le fait par différents biais donc, d’une part en travaillant avec les femmes en ayant un programme de mentorat pour les soutenir, en offrant de la formation en gouvernance pour qu’elles se sentent plus prêtes à intégrer ces conseils d’administration là. C’est comme ça que l’on a commencé, en faisant des événements d’envergure dans lesquels elles peuvent venir réseauter, rencontrer des conférenciers / conférencières de renommés locaux ou internationaux. On travaille également les hommes c’est-à-dire d’encourager les hommes à ouvrir la porte aux femmes, à les propulser, à leur faire une place. Il y a aussi mieux comprendre pourquoi il faut avoir plus de femmes autour de la table du conseil et pourquoi c’est à leur avantage. On travaille aussi de plus en plus avec les organisations. On a lancé une certification «parité» qui a fait un boom énorme en 2017 et qui, en 2018 là s’en va national. Donc, on a certifié 17 entreprises l’année dernière et on estime que ça va être 75 à 100 entreprises en 2018. Cette certification «parité» qui est sur une soixantaine - soixante-dix point depuis les postes d’entrées jusqu’au conseil d’administration. On mesure les politiques, les procédures qui ont été mises en place pour permettre aux femmes de progresser. C’est extrêmement vaste, ça nous a pris un an à mettre sur pied avec le soutien de Mackenzie et cie qui nous a beaucoup aidés. L’ordre des CRHA, l’ordre des conseillers en ressources humaines agréés nous a beaucoup aidés. On a fait une consultation publique et finalement, on arrive vraiment avec le produit le plus robuste qui soit… je veux dire, même à l’échelle planétaire parce que j’ai énormément voyagé pour comparer ce qui se faisait ailleurs. Et là, maintenant, 2018 va vraiment être une année charnière. Puis, pour finir, on travaille aussi avec les gouvernements pour les sensibiliser à tout ce qui se fait ailleurs ou sur ce que l’on devrait faire ici au Québec et au Canada. 

Opp : Là, vous me disiez que vous avez parti ça en 2010. Moi, je sais qu’en fait vous avez quitté un poste de VP exécutive pour vous consacrer entièrement à votre entreprise l’année dernière. Ça fait donc 1 an que vous êtes à temps plein sur ce projet. Ça l’a été quoi votre plus gros défi ?

Caroline : Bien, je dirais que le plus gros défi a été de prendre cette décision-là que de quitter un très gros poste dans une entreprise d’envergure avec tout le salaire, les avantages sociaux, tous les bénéfices qui viennent avec et le titre veut, veut pas. Pour me retrouver finalement dans un contexte où c’est un organisme à but non lucratif… on ne peut pas se payer comme on se paye dans le privé. On n’a pas de secrétaire, j’avais une grosse équipe! Le plus gros défi a été vraiment de faire face à un peu de solitude même si je suis très entourée depuis le début parce qu’on a soixante-trois membres de comité sur sept comités donc, il y a des gens très séniors qui s’impliquent vraiment au quotidien dans la Gouvernance au Féminin. Mais, quand même, à la fin de la journée c’est beaucoup de pression sur mes épaules dire : «  Ok! J’ai pris cette décision de quitter mon emploi pour me lancer là-dedans parce que j’y crois, parce que c’est devenu tellement énorme que je n’arrive plus à tenir à bout de bras deux grosses « jobs » finalement. Je vais me concentrer là-dessus! » Puis, de me rendre compte que je dois faire beaucoup avec très peu de ressources… c’est spécial, parce qu’on se retrouve dans une période où on est un petit peu la secrétaire, la réceptionniste, la payable et compte recevable puis aussi, la présidente, la porte-parole celle qui va passer au téléjournal ou dans une conférence d’envergure. Alors, c’est de balancer avec tout ça! Ça l’a été, je pense, ce qui m’a le plus donné de fil à retordre, mais qui est en train de, petit à petit, de se calmer parce que l’on embauche… on s’entoure. La crédibilité est de plus en plus bien instaurée, on a de plus en plus de partenaires financiers qui font qu’on a de plus en plus de  moyens de se monter une équipe permanente. Ça, c’est, je pense, la clef de tout. C’est de savoir s’entourer!

Opp : Vous me disiez aussi juste avant l’entrevue que finalement vous travaillez encore plus, vous êtes encore plus médiatisée, vous êtes encore plus sollicitée, vous dormez beaucoup moins maintenant que vous êtes entrepreneur à temps plein. Qu’est-ce que vous avez fait pour améliorer justement la balance de vie? Vous parliez tout à l’heure d’aller au gym, toutes ces choses-là puis de travailler fort sur votre projet. C’est quoi les actions que vous avez mises en place pour réussir? 

Caroline : Bien, écoutez Stéphanie, déjà quand on parle d’équilibre je pense sincèrement que l’on a chacun sa propre vision de ce qu’est son équilibre. Alors, pour beaucoup de gens ça paraît impensable de mener une vie comme je mène. C’est-à-dire, d’avoir un ou deux événements par soir en moyenne quatre à cinq soirs par semaine; d’être dans des contextes d’entrevues, de vidéo, de télé, de radio toutes les semaines; donner des conférences toutes les semaines. Avec tout ce que ça demande aussi, ne serait-ce que, surtout pour une femme sur le plan physique : la présentation, les cheveux, le maquillage, les vêtements, etc… on n’y pense pas. Quand j’ai fait l’entrevue d’Hilary Clinton, elle avait fait le calcul du nombre de jours pendant sa campagne qui étaient consacrés uniquement aux cheveux et au maquillage que Donald Trump a pu utiliser pour faire autre chose, quoi que lui aussi est très coiffé, maquillé… mais bon!

Opp : Clairement!

Caroline : Donc, si vraiment, je voulais «focuser» sur ce que l’on appelle l’équilibre c’est-à-dire, un certain nombre d’heures de sommeil, des repas à heures fixes et équilibrées, etc., mais c’est impossible! Ça, j’ai abandonné je me dis que quand je peux dormir une nuit complète, tant mieux! Hourra! Puis, très souvent, c’est des nuits de 5 ou 6 heures. Moi, j’ai un tempérament qui fait que ça ne me dérange pas et que ça va bien. Par contre, le gym ça c’est quelque chose sur laquelle je continue à mettre beaucoup d’emphase. J’ai besoin de m’entrainer minimum trois fois par semaine sinon je ne me sens pas bien. Et puis, de toute façon, j’ai fait le calcul que ces heures que je passe au gym je les récupère au centuple en productivité!

Opp : Ah oui! Clairement!

Caroline : Ce n’est pas que je perds trois heures ou quatre heures dans ma semaine à aller au gym, c’est que je m’ajoute des heures plus créatives, plus en forme physique et mentale. 

Opp : Moi, je dis que c’est l’idéal pour ma santé mentale sinon je la perds si je ne peux pas aller au gym. Je vous présente une jeune entrepreneure, qu’est-ce que vous lui donner comme conseil? 

Caroline : Alors, une jeune entrepreneure qui veut se lancer moi, je dirais qu’il faut s’assurer que tous les ingrédients sont réunis et que le moment est bon. Parce que, parfois, honnêtement en 2010 quand j’ai lancé la Gouvernance au Féminin jamais je n’aurais cru que ça finirait par être mon métier. J’ai toujours eu une petite part de rêve en me disant : « Ahh, si je pouvais me consacrer qu’à ça! C’est ma passion, je voudrais faire que ça! », mais j’étais réaliste. Il fût un temps ce n’était pas le moment, j’avais des enfants qui étaient plus jeunes. Là, maintenant mes enfants sont des adultes. Il y a une période pour chaque chose et il faut faire son bilan. Il faut réfléchir à ce que l’on est en train de vivre : dans son couple, dans sa vie de famille, dans sa situation financière, dans son réseau… est-ce que je suis assez connue, est-ce que les gens vont me faire confiance et est-ce que je suis appuyée? Puis, le marché… le marché a besoin de quoi? Est-ce que c’est le moment pour mon produit dans le marché, oui… non… etc. Il faut vraiment faire cette réflexion-là de toute façon tous les ans parce qu’on peut apporter des changements aussi à ce que l’on est en train de vivre parce que quelque chose a changé; on a vendu la maison familiale, les enfants sont partis, on a acheté un condo! Tout cela rentre en ligne de compte sur la capacité de supporter certains défis et enjeux financiers qui font finalement partie des difficultés que l’on peut rencontrer quand on se lance à son compte. 

Opp : Tout à fait! Je trouve ça vraiment rafraîchissant comme idée ce que vous venez d’exposer. Souvent, on dit : « Lancez-vous à tout prix! » J’aime beaucoup le : « On va regarder, on va s’assurer que c’est le bon moment. On va calculer les paramètres, puis là, on va sauter! » 

Caroline : Voilà! Par contre, les filles ont tendance à parfois lorsqu’elles ont tout calculer de se dire : « AHHHHHH, ça fait trop peur! Je ne vais pas y aller! » Alors, ce n’est pas ce que je dis. Ce que je dis c’est qu’il faut y aller, oui ça va faire peur et oui, on a des moments de vertige, mais c’est merveilleux! C’est le début de quelque chose d’extraordinaire. Il faut se faire confiance. Les garçons ont tendance à se lancer dans le vide plus facilement sans s’inquiéter. Si l’on veut faire quelque chose d’extraordinaire, ce n’est pas en restant dans sa zone de confort! Va falloir en sortir pour que quelque chose de magique arrive!

Opp : Moi, je dis souvent : « Si tes rêves ne te font pas peur c’est qu’ils ne sont pas suffisamment grands! »

Caroline : Exactement!

Opp : Je vous remercie d’avoir accepté de nous rencontrer en entrevue! Je vous trouve aussi pétillante en vrai que lorsque je vous vois sur les réseaux sociaux!

Caroline : Haha merci! Merci Stéphanie!

Opp : Ça fait plaisir!

Stéphanie Bergot

Maman de trois merveilleuses tornades. Diplômée de la maîtrise en management des entreprises culturelles, Stéphanie Bergot oeuvre comme gestionnaire de projet depuis plus d'une dizaine d'années. Tantôt dans le monde de l'événementiel, tantôt auprès d'entrepreneurs. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans l'atteinte de leurs objectifs. Spécialisée dans les événements corporatifs elle a construit de nombreuses activités de renforcement d'équipe grâce à des tests psychométriques. Stéphanie a comme objectif que chaque personne puisse apporter le meilleur d'eux-mêmes dans le poste qui leur convient. C'est par l'accompagnement, la gestion de projet et la consultation qu'elle donne ce qu'elle a de meilleur à offrir.