Entrevue avec Caroline Arnouk de Technologies OPA

Une possible solution aux interminables chantiers routiers! Caroline Arnouk nous propose un logiciel révolutionnaire pour la gestion des entraves à la circulation.

Caroline Arnouk fondatrice de Technologies OPA

Entrevue intégrale:

 

Entrevue transcrite:

Intro : On est ici avec Caroline Arnouk une ingénieure qui est devenue entrepreneur pour lancer un logiciel avec sa vision de régler nos problèmes quotidiens de société de circulation.

Opp : Il y a beaucoup de gens Caroline qui disent que pour être entrepreneur on naît entrepreneur ou on naît employé. Si je regarde ton parcours, je pense que tu as quelque chose à dire là-dessus ou tu es l’exception qui confirme la règle selon toi ?

Caroline : Je pense que c’est une très bonne question pis ces temps-ci il y a des nouvelles notions qui sortent comme entrepreneur, intrapreneur, la relève aussi en entrepreneuriat donc la reprise d’une entreprise familiale, etc. Moi concernant moi personnellement, j’ai été ingénieur civil dans la fonction publique…

Opp : Fonctionnaire !

Caroline : Fonctionnaire, oui !

Opp : En plus, de surcroît… on rajoute ça par-dessus le marché ! 

Caroline : Ouais ! Donc j’ai adoré qu’est-ce que je faisais ! J’étais au service de l’eau de la ville de Montréal donc je m’occupais à regarder au niveau des réseaux d’eau donc des conduits d’eau potable que l’on consomme, des réseaux d’égouts dans le fond les rejets d’eau des maisons et des propriétés et on regardait où est-ce qu’il fallait les renouvelés parce que c’est quand même de la sécurité publique donc on a besoin de ces infrastructures-là. Et en même temps,     

Opp : Oui ! L’eau potable, on en a besoin !

Caroline : On a vu maintenant qu’il y a beaucoup d’interventions, des chantiers, etc. Mais en dessous de la chaussée que l’on ne voit pas, il y a tout un monde. Il y a plein de conduites, conduites de gaz, conduits d’électricités, il y a des petites conduites des grosses conduites primaires donc qui acheminent dans les réseaux secondaires, etc. Et là, j’ai découvert comment c’est toute une gestion de se décider et on va aller creuser là, on va changer les infrastructures-là, mais il faut coordonner avec beaucoup de propriétaires de ces infrastructures-là sur le territoire. Puis, c’est à cause de ça qu’en ce moment on voit un peu la problématique que tout est barré partout ! On creuse quelque part, on revient l’année d’après pour refaire le chantier, ça l’impact tout le monde puis on est en retard à la garderie, on est en retard à l’école, à nos activités… on est pogné dans le trafic ! Puis ça, c’est peu importe qu’on soit dans le fond en auto ou même en autobus, dans les transports collectifs.  Et là je me suis dit ça ne peut pas continuer comme ça ! On est à l’ère numérique, on parle de ville intelligente, on parle de Big Data, on veut améliorer la mobilité, les routes, le transport et tout ça… on veut offrir de meilleurs services aux citoyens puis on est pris à gérer avec des fichiers Excel ou des cartes… ça n’a pas de sens et on perd des heures énormes dans…  

Opp : On en parle à la radio tous les jours. 

Caroline : Exactement !

Opp : Bon ben laaaa ça m’a pris 2 heures m’en venir ! Veux-tu ben me dire qu’on ne se parle pas pis qu’est-ce qui se passe ? Toi, tu as trouvé la solution ?

Caroline : Donc moi, j’ai pensé à tout ça pis j’étais en train de faire une maîtrise en gestion des infrastructures donc c’est vraiment ma passion mon expertise. J’ai été tanné un peu du statu quo... ça n’avance pas ça ne change pas ! Puis quand on travaille dans une grande organisation c’est sûr qu’il y a une hiérarchie à respecter, il y a beaucoup de départements, mais la volonté était là de travailler et de collaborer, de coordonner avec les autres intervenants sur le territoire en construction. Mais moi, j’ai pensé à cette nouvelle architecture d’un logiciel et là, j’ai décidé de quitter. J’ai travaillé un an un peu partout pour apprendre ! J’ai travaillé dans des petites entreprises, j’ai travaillé dans un centre de recherche pour bâtir un peu d’expérience à part d’être ingénieur civil et quand c’est venu le bon moment j’ai décidé de lancer mon entreprise qui est Technologies OPA. On a mis sur le marché un logiciel qui s’appelle OPA qui permet aux gestionnaires de mieux prendre la décision au niveau de la planification, de regarder en temps réel s’il n’y a pas de conflits sur le territoire donc pour ne pas barrer toutes les rues en même temps ou de planifier un chemin de détour donc dire à la population de circuler dans un chemin et là tomber dans un autre chantier. Puis c’est tous des cas qu’on voit encore dans les journaux…

Opp : Énormément laaa, année après année, mois après mois puis là l’été s’en vient donc on va probablement tomber là-dedans encore !

Caroline : Les nids de poule on commence à les voir de plus en plus… 

Opp : Les nids de brontosaure aussi… qui s’en vient. 

Caroline : Ouais haha !

Opp : Mais de fonctionnaire à partir d’une idée, parce que bon, il y a beaucoup d’employés qui ont des idées. Tu as décidé de fonder ton entreprise dans un domaine qui n’était pas nécessairement ton domaine non plus… donc c’est une difficulté, c’est un gros risque à prendre ça non ?

Caroline : Oui, c’est sûr il y a un risque ! Moi, je ne connais rien dans la programmation… c’est sûr que maintenant j’en connais beaucoup plus ! Après plus d’un an donc, j’en connais beaucoup plus. Mais, au début c’est de prendre ce risque-là et quand on croie à son idée, qu’on veut vraiment foncer puis qu’on voit qu’on peut régler un problème social… économique aussi. Donc, moi, j’ai décidé de foncer puis j’ai été dans beaucoup d’événements de réseautage, j’ai fait des formations, plusieurs formations ! Récemment, je reviens du MIT donc programme en exécutif en développement entrepreneurial. Je suis à l’école d’entrepreneurship de Beauce donc, je pense qu’il faut bien s’entourer, qu’il faut aller de l’avant ! On ne peut pas tout savoir comme entrepreneur donc, il y a ce lâcher-prise un peu. C’est que l’on ne peut pas être bon dans tout. Je ne suis pas comptable, je ne suis pas avocate, je ne programme pas non plus, mais j’ai cette idée-là. Puis, je voulais rouler la machine et je voulais la tester puis aller sur le marché.  

Opp : Combien de temps ça t’a pris à partir du moment où est-ce que tu as eu cette idée-là, cette illumination de dire : « Ben pourquoi ne pas numériser tout ça et lancer un logiciel ! », et ce, avant de l’exécuter cette idée-là et de faire le fameux saut de se dire : « Je lâche ma job d’ingénieur à la ville ! » Quand on fait l’école d’ingénierie, on est stationné-là, probablement pour le restant de sa carrière. Combien de temps ça t’as pris de faire ce changement-là ? 

Caroline : Hummm, je pense quand j’ai réalisé que ce n’est pas juste une problématique dans… où est-ce que je travaillais au service de l’eau, c’est une problématique qui touche beaucoup d’entreprises comme Hydro Québec, comme Gaz Métro, Bell, la Commission de Service Électrique, les routes, les aménagements, les arrondissements donc, et ça, c’est dans toutes les villes. Quand j’ai réalisé que ce n’était pas juste à Montréal, c’est à Québec, c’est à Toronto, c’est à Vancouver, c’est en Australie maintenant, je veux dire c’est aux États-Unis… c’est partout comme ça. J’ai décidé de, ça je le conseille à beaucoup de personnes c’est que lorsque vous avez une idée n’ayez pas peur d’en parler. Il n’y a personne qui va voler l’idée puis partir avec parce qu’entre avoir l’idée, la pensée pis réaliser, il y a beaucoup d’étapes entre ça. Ça prend beaucoup d’efforts, beaucoup d’investissement, beaucoup de persévérance pis il y a plein de hauts et de bas. Je pense qu’il y a plus de bas que de hauts au début. 

Opp : Naturellement… c’est intéressant ce que tu dis parce que souvent les entrepreneurs quand on les écoute ils veulent garder leur idée pour eux. Ils ont peur de se faire dire que ça ne marchera pas, tu vas te planter, c’est trop risqué, ou même encore de se faire voler leur idée. Donc, c’est intéressant ce que tu dis de dire : « Non, allez-y, parlez-en, partagez et allez chercher l’expertise ou des conseils ! »

Caroline : Il ne faut pas être trop têtu et il faut être beaucoup à l’écoute du marché parce que même si l’on a la meilleure au monde, mais si on ne répond pas à un problème, si on ne vient pas aider quelqu’un dans son travail chaque jour, si ça n’a pas un impact dans la société ça va rester une belle idée qui n’aura pas de développement de marché pour ça. Donc, c’est pour ça qu’il faut, moi, j’ai été validé avec des professionnels du milieu. J’ai passé d’un prototype 1 au dixième. On en a passé pour évoluer le logiciel, ses fonctionnalités… au début, il y avait certaines choses qu’on ne faisait pas qu’on a décidé de les faire même au niveau de l’orientation du marché. Au début, j’étais très « focus » sur la construction, construction, construction pour finalement regarder bien non, c’est la circulation, c’est le transport. Ça peut impacter sur l’industrie du taxi, sur les camionneurs donc l’impact où le rayon est 

Opp : ils sont infinis les impacts. 

Caroline : Mais c’est d’aller une étape à la fois, un marché à la fois, un secteur à la fois. Avoir deux trois bons contrats, bons clients qui sont prêts aussi à faire l’accompagnement nécessaire je pense que c’est très très important donc avant de vouloir être partout ben c’est de s’assurer de la qualité. Je pense que la qualité est très importante pis qu’on vient vraiment sauver des heures, sauver de l’argent pis avoir un bon impact positif. 

Opp : Est-ce que ces clients-là sont uniquement, ton développement de marché est-ce que c’est uniquement dans la fonction publique ? Ce qui est peut-être moins facile de développer aussi qu’une entreprise privée et de dire ben le président on se sert la main, le président, la présidente pis on prend une décision comme ça. Est-ce que c’est plus difficile ?

Caroline : Effectivement, être une « start up » déjà c’est difficile en plus vouloir vendre à des gouvernements ou des villes ça vient d’augmenter la difficulté. Donc, au début quand j’ai commencé on m’a dit : « Tu ne vas jamais arriver, ça va te prendre beaucoup d’argent, beaucoup de temps. Ça va être très difficile de percer le marché public. » Moi, je veux qu’on arrête de dire que c’est difficile et de se mettre des murs en face comme ça quand on n’a même pas essayé. Quand on a une innovation qui vient résoudre un problème présent maintenant imminent pis qu’il n’y a pas une autre solution sur le marché pour résoudre ce problème-là pis qu’on est « ready to go » avec la solution à l’implanter tout de suite puis l’utiliser, je pense que les gouvernements ils ont une ouverture par rapport à ça. C’est sûr qu’au niveau des processus qui existent actuellement il n’y a rien qui encourage l’innovation, les « start up » ou les entrepreneurs. Donc, même si ce n’est pas une « start up » si c’est juste une entreprise qui fait un « spin off » qui est connue dans le marché, qui a les deux cents employés ou peu importe l’existence est là dans le fond des années d’existence, mais il n’y a rien dans les processus actuels qui encourage l’innovation au niveau gouvernemental, au niveau public surtout au niveau des municipalités. Parce que c’est eux les premiers acheteurs, c’est eux qui gèrent là où l’on habite dans le fond même je dirais plus que le provincial ou le fédéral. Donc, il n’y a rien qui encourage les entrepreneurs, l’innovation d’accéder à ces marchés publics là. Maintenant, je pense que le « timing » est parfait parce que les discours sont là. Moi, quand je vais à la jeune chambre de commerce de Montréal, quand j’assiste à des présentations du maire Coderre, des discours des autres politiciens même au niveau des directeurs dans les associations techniques donc, il y a des directeurs qui viennent parler de qu’est-ce qu’ils souhaitent faire, la ville intelligente, tout le numérique, améliorer le service aux citoyens. Donc, la vision est là, le discours est là, il manque les faits, il manque la réalisation, il manque ces preuves de dire : « Bon, voilà à Montréal on est fier d’avoir ces entreprises-là qui ont innové au niveau international puis on est prêt nous à travailler, à les accompagner ces jeunes entrepreneurs-là. Puis, explorer, développer le produit, explorer le marché. » Je veux dire, avoir une ville intelligente ce n’est pas juste qu’est-ce que l’on offre aux citoyens, mais c’est aussi au niveau de son administration à l’interne. Donc, c’est bien aussi d’avoir une gestion intelligente à l’interne que les processus soient unifiés, planifiés pour qu’il n’y ait plus ce travail en silo entre les départements… que tout le monde se parle, mais c’est d’être équipé aussi d’outils intelligents. 

Opp : As-tu déjà pensé à te présenter en politique ?

Caroline : Non, pas du tout je ne suis vraiment pas bonne là-dedans !

Opp : Peut-être qu’on aurait besoin d’une politicienne comme toi justement pour venir briser ces barèmes-là ! Cette entreprise-là Technologies OPA donc, est-ce que dans ton développement d’entreprise est-ce que tu veux répondre à d’autres besoins ? Est-ce qu’il y a d’autres applications qui s’en viennent, d’autres logiciels ? Ou on voit souvent ça dans les Tech, on veut vendre à plus grand que soit pis on veut se partir un autre projet. Quelles sont tes visées dans les prochaines années ?

Caroline : Humm, les prochaines années on me pose souvent où est-ce que tu te vois dans 5 ans dans 10 ans. Moi, je suis comme woh c’est trop loin encore 

Opp : Je réponds toujours la même chose moi aussi… 

Caroline : C’est vraiment trop loin, mais c’est bien d’avoir des stratégies pis d’avoir la vision. En ce moment, je veux m’assurer que le logiciel OPA répond à 300% à qu’est-ce que les villes, les municipalités, les génies-conseils privés parce que l’on a des clients aussi au génie-conseil privé, que ça soit vraiment l’outil qu’ils ont besoin. D’explorer les autres marchés aussi, les autres peut être industries qui sont affectées par les travaux, les chantiers, la construction, la mobilité donc le trafic. Tu as mentionné que oui il y a toutes les autres applications autour. Moi, je pense qu’en travaillant en équipe c’est là que l’on est plus fort. Donc, effectivement, en logiciel « Big Data » il y a beaucoup de bases de données qui peuvent être exploitées par les autres logiciels. Donc, on est parfaitement conscient de ça et ça fait partie de notre « building » du système. Dans le fond, comment on a construit l’architecture du système d’être à l’aise de partager certaines bases de données. Si des données sont privées au client, bien sûr avec l’accord du client. Effectivement, quand on parle des villes qui veulent implanter par exemple des plateformes pour les citoyens ou pour entrepreneurs en construction pour les permis donc ça prend plusieurs systèmes en place. Puis, je pense que l’on fait partie de ce système-là qui peut très bien communiquer ensemble. 

Opp : Merci Caroline !

Caroline : Bien, merci beaucoup !

Opp : Merci d’avoir pris le temps et on a bien hâte de voir les fruits de cette solution-là, que OPA amène à nos problèmes de société. 

Caroline : Merci 

Greg Lanctot

Greg est un créateur de relations hors pair, passé maître dans l'art d'organiser son temps entre sa vie professionnelle et sa passion pour l'haltérophilie et le CrossFit. Il est un entrepreneur qui attaque chaque défi de front. Fort d'un bagage de 10 ans dans les médias, où il est passé par des organisations comme Astral, Bell Média et La Presse (où il a été nommé dans le prestigieux "Top 30 Under 30" d'InfoPresse), il désire maintenant mettre à profit cette expérience pour son autre passion; le café. Sa vision d'une entreprise doit être très près de ses valeurs familiales, équitables, de partage, d'intégrité et de transparence.